C’était il y a bien longtemps, juste après que le sombre Attila ait mis à sac notre belle cité de Divodurum, c'est à dire juste après l'an 451.

Longtemps, les gens, l’air égaré, regardèrent la ville qui répandait ses cendres et ses ruines en se désolant ; puis, le temps passant, les habitants de l’antique cité, située jusque là dans l’enceinte du Sablon, décidèrent de reconstruire leur demeure !

Tout le monde sait que seule fut épargnée une petite église, consacrée au grand Saint Etienne, qui allait plus tard donner naissance à ce que l’on nomme aujourd’hui la cathédrale de Metz !

De ses splendeurs passées et des nombreux bâtiments de la plaine du Sablon, lieu de réjouissances, car y était sis le populeux amphithéâtre antique aux riches colonnes granitiques, ainsi que de nombreuses basiliques, si nombreuses d’ailleurs, dans cette colline qui versait côté Seille, qu’on l’appelait alors tout simplement « le quartier des basiliques », de ses splendeurs passées, donc, il ne restait plus que colonnes de temples écroulés et linceuls de pierres… Ils étaient loin, les beaux arceaux aériens de ces beautés antiques de la splendeur des Médiomatriques sous la domination romaine !

Avec le temps, les habitants reconstruisaient la ville vers le versant côté Moselle, et la ville se recouvrait peu à peu de fleurs et de vergers.

C’est à cette époque, vers 462, que deux frères vinrent s’établir dans notre ville ! Ils passèrent d'abord vers le Sablon, et furent saisis d’horreur, en voyant ce qu’il restait de l’antique cité ; aussi convinrent-ils que le mieux, pour eux, était de se protéger des risques potentiels qui pourraient survenir dans l’avenir.

Ils construisirent donc leurs demeures sur la croupe de baleine échouée qu’était le Mont saint Quentin ! Ce furent bientôt deux forteresses qui se dressèrent sur ce point culminant, et qui se reflétaient dans les eaux de la rivière, avec leurs créneaux et leurs mâchicoulis !

Cela surprit d’abord fort les habitants qui, s’étant établis de ce côté pour jouir de la vue qui s’étendait au loin dans la vallée, où leurs yeux se reposaient avec plaisir sur les villages lointains qui s’étendaient dans la verdure, voyaient ces demeures menaçantes leur gâter le paysage ! Ces constructions révélaient, à l’encontre des messins, des idées bien peu pacifiques ! Nos habitants se firent fort alors, de réagir...

Mais comme nous n’étions pas alors encore aux temps révolutionnaires, c’est par les quolibets, les railleries et les sobriquets, que, faute de barricades et de pétitions, la ville se vengea !

Dès lors, courut en ville cette histoire, qui, partout se raconta :

Il était une fois, deux frères, qui se ressemblaient sous tous les aspects : même nom, mêmes prénom, même profession : ils étaient conseillers ; un homme se présenta à leur domicile et demanda à parler « à Pierre »
-Lequel, dit le portier ?
-Celui qui est conseiller, répondit notre homme
-Ils le sont tous les deux !
-Celui qui est un peu louche…
-Ils le sont tous les deux !
-Celui qui est marié !
-Ils le sont tous les deux !
-Celui qui a une belle femme : c’est donc à celui qui est cocu, que je veux parler !
-Ma foi, répondit le portier, je crois bien qu’ils le sont tous les deux aussi, malgré leurs belles demeures, bien défendues, ils n’ont su mettre à l’abri ce qu’ils ont de plus précieux !
-Voilà, dit cet homme, deux frères bien destinés à se ressembler, même si l’un est haut-perché, et l’autre bien peu courageux !

On donna surnom, à ces deux frères qui s’appelaient tous deux Pierre : on nomma le premier « hardi », le second « haut Pierre »

Leurs deux châteaux s’appelèrent d’abord : «maison du haut Pierre» et « maison du Pierre hardi », puis, avec le temps, la corruption du langage, « la pierre-hardie », « la haute-pierre » !

Telle est l'origine du nom des rues haute-pierre et du pierre-hardi, qui furent crées à Metz par la suite !