Les villes étaient habitées d'ordinaire par les marchands, ainsi que par ceux
qui exerçaient un art ou une profession industrielle. Les plus riches y avaient,
eux aussi, leurs maisons. Mais, la plus grande partie de la population vivait
dans les bois, car il est plus facile de se protéger entouré de haies impénétrables,
qu'en rase campagne, comme dans le midi de la France. Il y avait donc plus de
«retraites» cachées dans les bois , en Moselle, que sur le reste du territoire
de la Gaule, mais elles étaient moins étendues, et, revers de la médaille, les
populations étaient plus fractionnées, ce qui explique cette «foule de villes»,
qui foisonnaient le département et la Belgique. Les noms de ces villes se terminaient
par la finale «ac», qui a été transformée par les romains en «acum».
Différentes populations gauloises
se sont réparties dans ce que nous appelons aujourd'hui la Moselle ; comme
vous l'imaginez, à cette époque éloignée, il n'existait point encore de frontières
telles que nous les connaissons aujourd'hui !
Ce qui importait, aux yeux de nos ancêtres gaulois, c'était de vivre le plus
tranquille possible, sur un lieu qui serait inaccessible aux ennemis potentiels.
Leurs tribus se sont donc réparties sur le territoire mosellan en tenant compte
des accidents du terrain : ils bâtirent leurs demeures au sommet des collines,
au bord des lacs et des rivières.
Leurs maisons étaient rondes et spacieuses, formées d'une cloison de bois
et d'argile qui en était l'enceinte ; celle-ci supportait une haute toiture
en pointe, construite, dans notre région, de paille ou de minces tablettes
de bois de chêne posées comme des écailles de poisson. A l'intérieur de la
maison, l'ameublement se composait d'une unique table de bois, ronde et peu
élevée ; quelques bottes de foin recouvertes de peaux de chiens ou de loups
faisaient office de sièges.
La vaisselle était principalement composée de vases en terre cuite ou en métal
; des cornes d'animaux, évidées, servaient de coupes à boire.
Les murs de la maison étaient essentiellement ornés des armes du chef de famille.
Les repas, quant à eux, se composaient d'un peu de pain, et, surtout, de chairs
d'animaux bouillies dans l'eau ou rôties à l'aide de grande broches, sur du
charbon. Les Gaulois appréciaient la chair, fraîche ou salée, des porcs et
des poissons (que l'on assaisonnait avec des graines de cumin). Les plus riches
d'entre eux consommaient du vin en provenance d'Italie, qu'ils buvaient généralement
pur, ou légèrement coupé d'eau. Ceux qui jouissaient de moins de moyens fabriquaient
leur propre vin, ou s'abreuvaient d'une boisson constituée de froment fermenté
dans de l'eau additionnée de miel appelée la «zythe». Ceux qui étaient
encore moins riches buvaient la «corme», c'est à dire de la zythe, mais sans
miel, au goût plus amer, ressemblant quelque peu à la bière aujourd'hui !
La femme gauloise, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'était pas
une femme d'intérieur : elle aimait à suivre son mari à la guerre, et même
à la chasse, où elle faisait preuve de courage et de beaucoup de dévouement
: belle de visage, haute en stature et en taille, elle fit même parfois preuve
d'héroïsme, comme nous le rapporte l'histoire ! Plusieurs maisons réunies
formaient un «bourg» ou un «village» ; plusieurs villages, groupés sur un
espace borné de limites naturelles, comme une rivière ou des bois, composaient
un «canton». Et l'ensemble des cantons formait la tribu. Dans cette zone,
certains lieux sont plus favorables à la défense de la population : on y élève
des enceintes fortifiées dans lesquelles les cultivateurs peuvent se réfugier
en cas d'attaque d'un ennemi commun. Ces lieux avaient des noms qui nous laissent
les reconnaître encore aujourd 'hui : ainsi, les sites dont les noms se terminent
en «dun», «mag», «dur», «brig» nous apprennent, qu'à l' époque, le village
ou le bourg était «sur la colline» , «à proximité de l'eau»,ou «sur les 2
bords d'un fleuve, reliés par un pont».