A partir de l'an 1000, date à laquelle les croyances générales attribuaient «la fin du monde», on entrait, en fait, dans une nouvelle ère, où les rapports entre les gens allaient transformer durablement la société de l'époque !

Le développement des échanges entre les régions, le développement des industries amènent petit à petit la société à évoluer vers une économie plus « centralisée » et adaptée au commerce : c'est l'essor des villes ! On assiste dans celles-ci au début du corporatisme, mais, tout d'abord, au début du « mouvement communal » : des chefs de famille se regroupent, par commodités, et apparaissent vite comme une puissance politique, sous la forme d'associations fondées sur un serment mutuel qui a pour premier objet le maintien de la paix et la concorde entre les conjurés.

Sous les pressions, parfois face à l'insurrection, les seigneurs consentent à accorder une « charte » par laquelle ils accordent certaines concessions, libertés, franchises, contre, le plus souvent, une forte somme en numéraire. Ces associations répondent au besoin des gens de ville de s'assurer une meilleure position devant le seigneur duquel ils dépendent, afin d'obtenir un aménagement sensible des contraintes et servitudes, et tendent à obtenir l'autonomie municipale.

En 1097, « la querelle des investitures » permit aux bourgeois de Metz de déclencher une révolte, dite « révolte des bouchers », qui aboutit à former une « commune jurée », laquelle interdit à l'évêque de Metz, Théoger, l'accès de la ville.
Celui-ci dut composer avec les bourgeois.

Les Messins représentaient, à l'époque déjà, une force militaire (gens d'armes) redoutable, qu'affaiblit, en 1153, la défaite infligée par Renaud II de Bar sur les pentes du Mousson. En 1182, Frédéric Barberousse réglait un conflit qui opposait le duc de Lorraine aux Messins.

 

Si l'époque veut que l'on défriche beaucoup les forêts, si l'on persiste à développer les anciennes industries que sont le fer et le sel, la principale source de revenus reste quand même le milieu agricole. Le régime, jusqu'alors domanial, se désagrège, par le biais des successions, des ventes, les réserves seigneuriales (part du domaine seigneurial exploitée directement par le maître : elle comprend en général le château et le domaine proche) et les tenures (terres) se morcellent, la population s'accroît, gagne des terres sur les friches, les pacages (pâturages) et les bois.

Les terrains défrichés forment une zone de nouvelles terres autour des anciennes ; ces terres, soumises au cens (droit d'exploitation annuel payé en argent au seigneur) échappent le plus souvent aux charges qui frappent les anciennes ; les corvées (apparues lors de la désagrégation des monnaies ; il s'agissait de journées de travail que le censitaire devait au seigneur contre sa protection) et les banalités (obligation de passer par les moulins, boucheries, pressoirs ou autres organismes seigneuriaux ) se maintiennent cependant.

Comme nous l'avons vu auparavant, ce morcellement des terres seigneuriales, l'exiguïté des domaines, la mise en lots des réserves pour les défavorisés, l'arrondissement de ceux plus favorisés obligent ces derniers à évoluer vers d'autres formes d'exploitation.

En Moselle, les figures marquantes furent les évêques de Metz : Etienne de Bar (1120-1163) et Bertram (1180-1212), qui durent leurs élections l'un au pape Calixte II, son oncle, l'autre à l'Empereur Frédéric Barberousse.

L'affaiblissement du pouvoir des évêques entraîna celui du chapitre et des abbayes. Ce fut le commencement de la décadence des écoles abbatiales mosellanes qui furent marginalisées par l'apparition d'un mouvement qui aboutit, en 1060, à la création des universités.

Les œuvres littéraires témoignent désormais d'un goût profond pour le profane, au détriment du sacré : « le Dolopathos », dédié par l'abbé Jean de Haute-Seille à l'Evêque Bertram, est un roman courtois.

Cependant, de nouveaux ordres religieux, importés de France, gagnent du terrain, grâce notamment au prestige de saint Bernard, arbitre de nombre de querelles seigneuriales : ainsi, à partir de 1120, les premiers prémontrés s'installent à Metz. Les chanoines et les ordres militaires fondent également des établissements.

Les bourgeois et les seigneurs prennent goût aux œuvres écrites en langue romane. Les influences rhénanes s'effacent devant les modèles bourguignons dans les arts et lettres.
Entre « Romans » et « Allemands », des oppositions se font jour : les camps s'accusent mutuellement !
Ainsi, en 1147, les croisés mosellans rejoignent les contingents français, parce qu'ils ne supportent pas les Allemands ! Il faut même séparer, en 1155, les moines des deux langues, qui ne s'entendent pas !

Si Lothaire III n'intervient pas dans la région, les Hohenstaufen, eux, s'occupent de leurs affaires : Frédéric Barberousse tente de ranimer son influence impériale en s'intéressant aux élections épiscopales. Mais les Mosellans ne le suivent pas dans ses luttes contre le pape Alexandre III.

Bertram de Metz fut chassé de sa ville épiscopale.
Thiébaut Ier, époux d'Emersinde de Luxembourg, réunit les comtés de Bar et de Luxembourg, de 1196 à 1214, cherchant à atteindre les coteaux de la Moselle, ainsi que ses gisements de fer.

Le duché de Lorraine, victime des partages et des successions, se morcelait. Ainsi, Gérard avait obtenu de son frère Thierry II le comté de Vaudémont (1070), et Simon 1er donnait à son frère Ferry les pays de langue allemande (1079) ! Ni le Barrois, ni la Lorraine ne pouvaient empêcher l'émiettement féodal, favorisé par l'affaiblissement de l'évêché de Metz.
Dans la vallée de la Sarre, s'étaient formés les comtés de Sarrebrück et de Sarrewerden.
Le comte de Dabo, déjà possessionné en Alsace et dans le pays de Liège, acquit, vers 1150, le comté de Metz.
Des seigneuries plus modestes se constituèrent autour de Florange, Boulay, Varsberg, Fénétrange.
La partie orientale se morcelait, alors qu'à l'ouest, en Champagne et en Bourgogne, se forgeaient de puissantes principautés.
Le pouvoir des villes grandissait, dans une région où les princes n'étaient pas assez forts pour concentrer leurs territoires.