Metz fut la dernière ville de la Gaule - Belgique à se ranger sous la domination des Francs (en 510) ; quand le pouvoir échappa aux mains débiles des successeurs de Charlemagne, l'antique Divodurum sut courageusement saisir son indépendance et accueillir dans ses murs un gouvernement républicain.
Mais, son retour à la liberté ne se fit pas sans peines et coûta de longs et douloureux efforts à ses généreux Paraiges.


Tout le monde à Metz connaît «la Place des Paraiges», mais rares sont ceux qui savent encore aujourd'hui qui ils étaient et le rôle qu'ils tenaient dans la bonne ville de Metis ! On donnait ce nom à 118 familles de praticiens, chacune d'elles représentant une vertu.

Le titre de «Paraiges», qui vient du mot latin «pares» ( pairs ), indiquait que ceux qui le portaient pouvaient seuls parvenir aux emplois et dignités de «Maître-Echevin», d' «Echevin», de «Treize», de «sept de la guerre» et de «comte juré».
Ces familles étaient ainsi les seules à pouvoir occuper les principales charges de la République messine, ainsi que le proclamait la constitution qui dota les Messins de cinq siècles de prospérité et de puissance !

C'étaient donc :
«le courage» des Gournay - à qui appartenait l'hôtel Saint Livier, toujours visible sur la colline Sainte Croix, non loin de la Place Jeanne d'Arc,
«l'honneur» des Raigecourt,
«la fermeté» des Groignat,
«le désintéressement» des Sérrière,
«l'affabilité» des Rémiat,
«la justice» des Barriseys,
«la courtoisie» des d'Esche,
«la pitié» des Louve, etc.… ,
qui fournissaient à l'Etat des généraux, des administrateurs, des magistrats, et un maître suprême, qui, sous le modeste titre de : «Maître Echevin», marchait à l'égal des ducs de Lorraine, de Luxembourg et de Bar.

Ces 118 familles étaient divisées en six paraiges :
Le paraige de porte-Mazelle, qui comprenait 14 chefs de familles,
Le paraige de Jurue, qui en comptait 28.
Le paraige de Saint-Martin, qui en comptait 15.
Le paraige de Port-Sailly, en compte 15 aussi.
Le paraige d'Outre-Seille, 15,également.
Le paraige du Commun, constitué quant à lui de 31 chefs de familles.
Chaque paraige possédait son sceau particulier et possédait un hôtel, habité par son chef.

Ajoutons que les «citains» (citadins) de Metz, tous libres, égaux, nobles, se distinguaient par une générosité sans faste, une équité proverbiale, et un courage à toute épreuve, joints à une austérité de mœurs poussée jusqu'à la rudesse. Les finances de la République étaient administrées avec une économie si rigide, qu'elles purent longtemps, sans emprunt ni surtaxe, pensionner des princes, des prélats, et tenir à sa solde une partie de la noblesse du Hainaut, du Brabant, du Luxembourg, etc.…

Tel était encore l'aspect gouvernemental que Metz présentait, quand celle-ci ouvrit ses portes aux hommes d'armes du roi de France, son allié, son protecteur, le 10 avril 1552… Lorsque l'occupation militaire eut corrompu les mœurs, divisé les familles et usé lentement les ressorts de la résistance, un homme, honorable cependant, le maréchal de Vieilleville, gouverneur de Metz, se chargea de consommer l'usurpation !

Trop fiers pour fléchir sous la loi du plus fort, les paraiges quittèrent alors le sol de la patrie, et portèrent leur courage et leur personne chez des princes pourtant longtemps considérés comme leurs ennemis !

L'émigration des paraiges, la construction de la citadelle, de l'arsenal, et le développement des fortifications, firent perdre, au Metz de l'époque, les deux tiers de sa population et de son étendue.

Pour juger de l'étendue de l'humiliation et de la misère dans lesquelles étaient tombés, à l'époque, les Messins, il suffit de lire les cahiers de doléance du 15 mars 1587…

 

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