« Le 7 juin 1878, vers le matin, je suis allé à l'Eglise Saint Vincent. En entrant, j'ai revu avec plaisir les jolies portes du XVIIIème siècle, couvertes de sculptures d'un dessin si bien trouvé et sans aucune hésitation apparente. Le sommet triangulaire du fronton de l'ordre corinthien qui termine la façade est surmonté d'un vase comme il en existe encore quatre au-dessus des extrémités des deux corniches de chaque côté.
L'intérieur de l'église, plus on la voit, plus elle plaît par sa nef élancée que supportent douze piliers à colonnettes ; par la majestueuse régularité de son coeur, par l'élévation de ses croisées géminées, par l'encadrement bien conçu de ses

faits avec unité, tous les autres semblent placés au hasard et sans aucun rapport avec une décoration préconçue qui paraît nécessaire dans un monument aussi symétrique, cela leur nuit plus qu'une exécution quelquefois
sans caractère et affadie... Le Moyen Âge savait donner à un tel ensemble un sentiment religieux et naïf. »

 

 

 

 

Ainsi que le rapporte André Jeanmaire dans son livre Vieux Metz - Le Quartier Saint Vincent, le peintre messin Migette écrivit, dans son journal :

 

 

 

 

 

 

 

chapelles en ogives, et par cet ensemble rare d'une construction gothique conçue dans le même esprit. Je doute que son ancienne décoration avec ses jubés, tombeaux, candélabres, peintures, etc., puisse ne pas laisser préférer parfois sa belle nudité, qui doit tout son charme à son imposante architecture. Pour plaire, elle peut se dispenser à la rigueur du concours de tant d'autres arts qu'on serait cependant bien aise de trouver après ce premier moment d'admiration.

 

 

 

Quoique sobre d'ornements sculptés, on en trouve cependant qui mériteraient d'être reproduits à cause de leur originalité. Ainsi quelques chapiteaux se trouvent réunis par des entrelacements d'animaux fantastiques. La disposition du chœur avec ses tribunes élevées donne à cette partie de l'église un caractère à part. Je ne m'en explique pas la destination. Y plaçait-on les jours de grandes fêtes, des musiciens, des chantres ?
A part les vitraux de l'abside qui sont à peu près

 

 

 

 

 

 

Ceux qui ont eu la chance de pénétrer l'édifice le reconnaîtront certainement à travers cette poétique description... Quant aux malheureux qui n'ont pas eu le bonheur de découvrir l'intérieur de Saint Vincent de leurs propres yeux, ils pourront, au moins, se l'imaginer...
L'église impressionne par ses dimensions, par sa douce grandeur (elle est le deuxième sanctuaire messin par la taille, après la Cathédrale Saint Etienne) ; elle plaît par son harmonie, fruit d'une certaine discipline architecturale...

 

 

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