Devenir des forts 3
Les forts du Mont St Quentin connaitront, durant la guerre franco-prussienne de 1870,un sort analogue à celui de la ligne Maginot lors de la seconde guerre mondiale : ils ne cédèrent pas à la pression de l'ennemi, mais furent contraints de se rendre le 29 octobre, suite à la capitulation du Maréchal Bazaine, qui s'était enfermé dans Metz
Les forts du Mont St Quentin connaitront, durant la guerre franco-prussienne de 1870,un sort analogue à celui de la ligne Maginot lors de la seconde guerre mondiale : ils ne cédèrent pas à la pression de l'ennemi, mais furent contraints de se rendre le 29 octobre, suite à la capitulation du Maréchal Bazaine, qui s'était enfermé dans Metz.
Ils passèrent donc sous le contrôle des Allemands, qui, en 1888, débuteront de grands travaux de renforcement pour pallier les progrès de l'artillerie. Ils doubleront les voûtes des forts de voûtes de brique, qui recevront parfois, en plus, un lit de sable d'environ un mètre, lui même recouvert de la même épaisseur de béton, le tout étant encore dissimulé sous une épaisse couche de terre végétale !
Mais le premier conflit mondial n'affectera
pas le Mont St-Quentin, et ses forts tenus à l'écart de la grande
guerre ne serviront à cette occasion que d'observatoire privilégié
pour suivre de nuit les embrasements du ciel autour de Verdun...
Pendant l'entre deux guerres, les forts de la ligne de faîte sont laissés
à l'abandon, contrairement à celui des Carrières, qui
est affecté aux transmissions. Durant les quatre années d'occupation
de la seconde guerre mondiale, ils feront office de dépôts et
de camps d'instruction. En 1944, le général Krause de la Wehrmacht
installe son poste de commandement dans le
Fort de Plappeville. Dans le fort Girardin
sont installés, outre le poste de commandement du colonel SS Siegroth,
responsable du secteur défensif de Metz-Ouest, un poste d'observation
et le commandement des transmissions et des tirs. Le fort du St-Quentin accueille,
quant à lui, les manuscrits et incunables de la bibiliothèque
de Metz, pour les préserver des bombardements... Mais dans la nuit
du 31 août au 1er septembre, deux des trois casemates contenant ce trésor
sont incendiées par un officier, qui aurait mal interprété
les consignes ! La moitié des manuscrits, près de 400 incunables
et 3000 des 4000 volumes anciens disparaissent...
Le bombardement aérien massif déclenché le 1er septembre
1944 n'occasionne pas de dégâts importants sur les ouvrages du
St-Quentin.
Ceux qui suivent, en revanche, et qui ont pour objectif non seulement de couper leur ravitaillement, mais aussi de dégager l'écran de verdure qui les protège de la vue des tireurs d'artillerie, parviennent à affaiblir considérablement le potentiel de nuisance des forts, qui, pourtant, résistent encore. Une fois les troupes françaises entrées dans Metz, le 18 novembre, alors qu'ils sont parmi les derniers à ne pas être tombés aux mains des Alliés, ils ouvrent le feu sur la ville, atteignant le quartier de la Préfecture. Toutefois, le Général Walker décide de ne pas tenter de prendre le St-Quentin par la force, et d'attendre que les soldats allemands, épuisés et en manque de munitions, décident de se rendre, ce qui se produit au début du mois de décembre.
Les bombes, obus et roquettes qui se sont abbatus
sur les fortifications des hauteurs du Nord de Metz n'ont, finalement, pas
été à l'origine de dégâts considérables
: les structures des bâtiments n'ont pas été gravement
endommagées. Le Fort des Carrières, dont les armées alliées
savaient que, en tant que centre de commandement, il ne représentait
pas le danger le plus direct, a été le moins touché.
Après avoir été démilitarisés par précaution,
et après avoir servi de centres d'entrainement pour les soldats américains
se préparant à assaillir les lignes Maginot et
Siegfried, les ouvrages sont abadonnés par l'armée française,
ruinée, à l'image du pays.
Seul le Fort des Carrières demeure occupé.
Affecté à la Base Aérienne 128 de Metz-Frescaty, il est
entièrement restauré, et doté d'infrastructures de grande
qualité. A partir des années 1960, il accueille chaque année
environ 2.000 jeunes appelés du contingent, qui viennent y recevoir
une formation militaire élémentaire, comprenant notamment des
entrainements sur le plateau couvert de pelouses calcaires qui le jouxte.
Mais, aujourd'hui, les bruits de bottes ne résonnent plus dans l'immense
cour située au centre de l'ouvrage : il a, lui aussi, été
abandonné...
Cruel destin que celui des forts ! Edifiés par les Hommes pour se protéger de leur propre folie destructrice, les voilà délaissés, et les précieux services qu'ils ont rendu aux armées et aux populations des dizaines d'années durant oubliés ! La végétation, qui, depuis le début du siècle dernier, a peu à peu envahi le Saint-Quentin, semble avoir décidé de faire disparaître ces témoignages de notre Histoire, ces merveilles d'architecture... faisant par la même tomber dans l'oubli les milliers de soldats qui y ont transité, et auxquels nous devons en grande partie la paix qui règne désormais sur notre continent... Et la végétation y parviendra - le travail est d'ailleurs déjà bien avancé, comme en témoignent les nombreux écriteaux déconseillant l'approche des ouvrages, d'où pourraient chuter des pierres !